Réussir une photo, ce n’est pas seulement capturer une fleur, un lieu, une scène de vie. C’est aussi et surtout déclencher une émotion auprès de ceux qui s’arrêteront sur cette photo. Et c’est justement ce qu’arrive à faire Laurent Baheux, célèbre photographe animalier, au travers de ses nombreuses photographies en noir et blanc des animaux d’Afrique. Aujourd’hui, nous vous invitons à découvrir cet amoureux de la nature, qui nous explique aussi son choix pour les papiers Hahnemühle pour magnifier ses photos.
Laurent, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Après un parcours dans la photographie de sport et d’actualité, j’ai choisi de consacrer mon activité à la photographie de Nature. Depuis près de 15 ans, je voyage en Afrique de l’Est et Australe, pour constituer une collection d’images de la faune. J’ai une approche singulière car je cherche à capter la personnalité et l’humanité de chaque animal en tant qu’individu. J’adopte ainsi une démarche de portraitiste animiste où l’esthétisme et la sensibilité prévalent sur la vision documentaire.
Pourquoi les animaux, l’Afrique, l’Amérique ?
À un moment de ma carrière de photo reporter, j’ai commencé à saturer. La foule des stades, son agressivité, les exigences continuelles des rédactions, le calendrier qui ne s’arrête jamais… J’ai eu envie de dire stop, de me poser et de me connecter à des choses simples et essentielles. J’ai alors choisi de partir en Afrique pour voir cette faune sauvage qui me faisait tant rêver quand j’étais enfant. Je n’ai pas été déçu. Tout était beau, simple, paisible et authentique. Voir évoluer la grande faune dans son environnement naturel a été un véritable choc. Mes vies personnelles et professionnelles en ont été bouleversées. Depuis, j’essaie d’aller partout où la nature s’exprime libre et en grand…
Pourquoi le choix du Noir et Blanc pour toutes vos photos ?
J’ai débuté la photographie au labo avec des pellicules argentiques monochromes. Je passais beaucoup de temps à développer mes films et j’adorais ça. Quand j’ai débuté mon travail personnel sur l’Afrique, j’ai tout de suite voulu l’exploiter en n&b. L’Afrique est riche de couleurs mais pour moi c’est avant tout une terre de lumières et de contrastes. Je trouve que le noir et blanc ajoute une dimension esthétique et dramatique. Il y a probablement aussi un côté nostalgique que je ne peux m’empêcher d’avoir quand je vois la réduction progressive et inéluctable des zones réservées à la nature.
Pourquoi le choix des papiers Hahnemühle pour vos tirages ? Quel est votre papier Hahnemühle de prédilection ?
C’est le papier idéal pour le noir et blanc. J’ai un attrait particulier pour le FineArt Baryta 325g qui n’est ni trop mat, ni trop brillant. J’aime aussi sa texture et son toucher qui donne de la puissance à mes portraits d’animaux et à mes scènes de la vie sauvage.
Y a-t-il un message derrière vos photos ?
J’ai le souhait de préserver le spectacle d’une nature primitive et de militer à la défense des animaux auxquels je veux rendre hommage en magnifiant leur âme et leur individualité. Dans ma série Album de Famille de l’Afrique Sauvage, j’exprime le lien filial intime qui existe entre les mammifères du continent noir et nous, mammifères humains. Comme nous, les animaux ont des émotions et des sentiments. Comme nous, ils ont une vie sociale avec des devoirs et des responsabilités. Comme nous, ils ont une famille avec des enfants. Ce n’est pas parce que nos morphologies et nos modes de communication sont différents que les animaux sont des sous espèces. Nous vivons sur la même planète et faisons partie d’un tout. Pour moi, nous sommes une seule et grande famille : celle du vivant et en ce sens, nous devons absolument les protéger et a minima, les respecter. J’aimerais que mon travail réveille notre perception des bêtes et les place dans notre univers personnel parmi nos instantanés de vie et nos albums de famille. Je veux être une voix pour ceux qui n’en ont pas, un porte-parole (en images) de la cause animale.
Quel est votre souvenir le plus marquant lors d’une séance de shooting ?
J’ai une histoire pour cette image qui est la plus inattendue qu’il m’a été donné de prendre en Afrique.
En cette fin de matinée, la brume s’est levée, le ciel est clément et la lumière est douce au coeur de la caldeira. L’ancien volcan est un site d’exception. Parce qu’on y trouve presque tous les représentants de la grande faune africaine, le territoire est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Il ne fait pas encore trop chaud. Nous avançons tranquillement avec Morris, mon expérimenté chauffeur Kenyan, qui nous guide vers une petite troupe de zèbres. Rien à signaler, excepté un jeune zébron gentiment excité qui cabriole autour des adultes.
Je le suis l’oeil dans l’objectif lorsqu’il grimpe soudainement sur un talus et se retrouve juste derrière sa mère. À hauteur idéale pour franchir l’obstacle en revenant face à moi. Surpris mais concentré, je déclenche. Morris, qui a observé la scène est encore plus euphorique que moi : « Laurent est-ce que tu l’as ? Est-ce que tu l’as ? ». En une vingtaine d’années à parcourir les pistes au milieu de la vie sauvage, il n’a jamais vu ça. Moi non plus. Un comportement inédit que l’on ne peut expliquer que par le jeu. Et une image originale.
Je n’aurais bien sûr jamais osé imaginer faire cette photo, capturer cet instant si incroyable. La nature, généreuse, m’a offert un moment rare.
Cette expérience n’a fait que renforcer mes convictions, à savoir que je ne prépare pas mes prises de vue.
Je ne suis pas en attente d’une image précise. Je préfère me laisser guider par la chance, me laisser surprendre par le spectacle sans cesse renouvelé du monde sauvage.
Quel serait votre plus grand rêve de photographe ?
De pouvoir sensibiliser un maximum de gens à la beauté et à la fragilité de la vie sauvage et particulièrement les personnes vivant en milieu urbain et qui sont totalement coupés de la Nature.
Quelle est votre actualité : des projets en cours ou futurs ?
Une version collector de mon dernier livre, Album de Famille de l’Afrique Sauvage, est sorti au printemps dernier avec mon éditeur teNeues. Il s’agit d’une édition limitée, numérotée et signée avec deux tirages d’art. De plus, je suis en exposition près de chez moi, en Poitou-Charentes jusqu’à la fin du mois de septembre. Je présente en effet une sélection de mes plus belles images de la faune d’Afrique au Festival Photographique de Moncoutant (79). Je serai aussi présent à Clermont-Ferrand à la rentrée pour le Festival Nicephore et ferai une tournée en Asie avec mon partenaire, les galeries YellowKorner, pour des rencontres signature. Enfin, une exposition WILD AFRICA est également prévue lors du Hong-Kong International Photo Festival. D’autres événements sont prévus plus tard, mais le plus simple est de me suivre sur mes réseaux sociaux.
Merci Laurent pour cette interview en toute sincérité !
Nous espérons que vous aurez eu plaisir à découvrir le travail de Laurent et que ses magnifiques photos des animaux sauvages éveilleront votre sensibilité au monde animal. Retrouvez son travail sur son site et sa page Facebook.
Bravo pour cette interview intéressante agrémentée de superbes photos animalières.
Le noir et blanc est très élégant et produit des images magnifiques.
Merci Stéphane pour votre commentaire. Les images de Laurent Baheux sont en effet un régal pour les yeux !