Maria Raczyńska est une aquarelliste professionnelle ainsi qu’une formatrice dans trois écoles en ligne. Sa carrière a débuté en 2015 lorsqu’elle a lancé sa chaîne YouTube. Au départ, cela n’était qu’un loisir, postant occasionnellement des tutoriels. Une fois que son audience a pris de l’ampleur, elle a rapidement décidé de s’affirmer et de devenir professeur. Maria vit avec son mari et sa fille âgée de deux ans dans le sud du comté d’Orange où elle puise son inspiration dans l’océan et les sentiers de montagne voisines.
Nous sommes heureux d’avoir pu obtenir une interview avec Maria pour découvrir comment elle est devenue artiste, sa carrière professionnelle et bien d’autres choses encore !
Votre mère étant peintre et ayant grandi dans un environnement artistique. Cela était-il une évidence pour vous de vous lancer dans une carrière d’artiste ?
J’ai grandi en regardant ma mère réaliser de la peinture à l’huile. C’est ce qu’elle a fait toute sa vie, par la vente de ses peintures et en enseignant cette technique.
Mais je ne pouvais pas m’imaginer faire la même chose. Ma mère était très douée dans ce qu’elle faisait et elle avait parfois beaucoup de succès, mais il y a aussi eu de nombreux moments où nous avions beaucoup de difficultés et pas beaucoup d’argent. J’ai partiellement grandi en Pologne et à ce moment-là, il était très difficile pour une mère célibataire de subvenir aux besoins de 4 enfants. Mes parents se sont séparés quand j’avais environ 5 ans (mon père vit au Canada et ma mère en France).
J’ai alors rêvé de voyager et de travailler dans le secteur du voyage. Cependant, regarder ma mère peindre au fil des années m’a donné beaucoup de confiance. Quand j’ai commencé à peindre en 2011, je n’avais alors peur de rien.
Comment l’aquarelle est-elle devenue votre technique favorite et non l’huile ?
Je pense que c’est parce que j’ai toujours vu ma mère être toute « sale » en peignant haha. Et je n’étais pas non plus adepte de l’odeur de la térébenthine. Lorsque je me suis décidée à me lancer dans une technique artistique, je voulais le faire avec des pinceaux (comme ma mère) tout en pensant à quelque chose de plus propre – comme l’aquarelle.
En 2011, vous avez commencé à dessiner plus sérieusement et avez créé votre livre pour enfants. Qu’est-ce qui vous a amené à cette idée ?
Une très bonne amie a créé un livre pour enfants et elle y est très bien parvenue. Je me suis alors dit : « Je peux aussi dessiner ». C’est à ce moment-là que j’ai acheté mon premier bloc aquarelle, mes pinceaux et mes peintures.
Je n’étais pas aussi douée qu’elle ne l’était. Je peignais peut-être une à deux fois par mois à l’époque. Une fois avoir réalisé deux livres, j’ai tout laissé de côté, occupée par d’autres choses.
Vous avez posé les bases de votre carrière professionnelle en lançant votre chaîne YouTube en 2016. Votre nombre d’abonnés augmentait considérablement d’une semaine à l’autre. Avez-vous une idée de quelle était la clé ?
Entre 2012 (après avoir réalisé mes livres pour enfants) et 2014, j’ai à peine pris un pinceau. Je n’étais pas motivée, n’ayant pas d’inspiration pour peindre.
En 2014, j’ai perdu mon frère jumeau – c’est alors que j’ai repris mes pinceaux et mes peintures. J’ai commencé à peindre à partir des images préférées de mon frère : forêts, animaux. Cela m’a aidée à guérir.
Début 2016, j’ai créé ma chaîne YouTube « mariamorjane » et j’ai posté la première vidéo. Il me semble que c’était un oiseau. J’ai eu du mal à obtenir des vues. Peut-être 5 – ce qui était probablement mes propres visionnages haha…
Le mois suivant, j’ai publié une peinture de deux renards ou alors peut-être était-ce une rose. Je ne peignais pas souvent à ce moment-là – une fois par mois peut-être.
Ensuite, j’ai ajouté une peinture de plage, quelques paysages ainsi qu’une tortue de mer sous l’eau. La scène de la plage a obtenue de nombreuses vues, comme les quelques paysages.
C’est en août 2016 que mon nombre d’abonnés a atteint plus d’un millier de personnes. Je m’en rappelle, j’étais si excitée que j’ai commencé à peindre chaque jour. J’ai alors publié tous les jours. Je gagnais beaucoup de vues (par milliers) et je prenais en compte les demandes de mes abonnés pour savoir quoi peindre par la suite.
Fin octobre, j’avais entre 3000 et 4000 abonnés.
Ce qui m’a aidé, c’est d’avoir été active sur ma chaîne YouTube. Je m’engageais avec mes abonnés. J’ai écouté leurs demandes pour les prendre compte dans mes vidéos. J’avais pour objectif d’atteindre 10 000 abonnés avant fin 2016. Le 31 décembre 2016, j’avais 14 000 abonnés. Juillet 2017 – 50 000 abonnés. J’ai continué mais j’ai du ralentir le nombre de vidéos postées. Je n’arrivais plus à suivre alors je suis passée de 7 à 5 vidéos par semaine .
Aujourd’hui, 1 post 1 vidéo par semaine : chaque Samedi. Avec mes 3 écoles en ligne, ma chaîne YouTube, Instagram, Facebook, cela est impossible de publier tous les jours. J’ai alors créé un emploi du temps qui fonctionne pour moi.
Pour répondre à la question, quelle était la ‘clé’ – je pense que j’ai juste eu de la chance. Tout tournait autour de l’algorithme de YouTube. Une vidéo chanceuse en entraîne une autre. YouTube recommandait constamment ma chaîne aux abonnés donc j’ai continué à grandir. Tout est en fonction de ce que recommande YouTube.
Aujourd’hui, il y a des milliers de chaînes YouTube comme la mienne. Quand j’avais débuté, il n’y avait que quelques chaînes d’aquarelle (pareil avec Patreon).
Aussi, l’algorithme de YouTube a changé et il est difficile d’apparaître dans le flux des internautes si YouTube ne suggère pas nos vidéos aux spectateurs. Même si vous avez beaucoup d’abonnés.
Je pense que c’est comme un cycle. Pour ceux qui construisent leurs chaînes – c’est une question de temps avant d’entrer dans celui-ci. Il s’agit d’être cohérent – un jour, une de vos vidéos aura du succès et vous gagnerez en abonnés.
Qui ou qu’est-ce qui vous inspire dans votre art ?
Je pense que ma mère est toujours ma plus grande inspiration dans l’art. Même depuis le début de ma carrière – ma mère m’a beaucoup appris à propos de l’art. Elle est ma plus grande fan mais aussi la plus grande critique de mon travail.
Quelle est la partie préférée de votre travail ?
J’adore peindre. Il n’y a rien de plus excitant que d’aller s’asseoir à sa table de peinture : le moment où j’attrape mon pinceau et commence à mouiller le papier…
Vous êtes aquarelliste et professeur. Dans le passé, vous avez réalisé quelques cours en ligne sur Patreon et Teachable. Cette année, vous avez mis en place votre troisième cours en ligne sur www.mariaraczynska.com. Quelle est la différence avec les deux précédentes ?
Oui, c’est exact. En 2017, j’ai commencé avec Patreon où j’avais proposé des vidéos en temps-réel. Patreon est une plateforme de paiements basé sur des abonnements. Mais après cela, mes étudiants souhaitaient des cours plus approfondis, alors j’ai créé mon école sur Teachable. Celle-ci était également pour ceux qui ne voulait pas s’inscrire.
Aujourd’hui, sur Patreon, je propose chaque semaine des tutoriels en voix-off, une communauté qui me permet de rester en contact avec mes étudiants.
Mon école Teachable est toujours là, pour tous ceux qui veulent acheter des cours individuels plus approfondis.
Mais il manquait quelque chose. Il y avait une demande pour des cours comme ceux que j’ai sur Teachable avec un abonnement. J’ai donc créé ma troisième école en ligne www.mariaraczynska.com qui propose des cours plus approfondis (sans voix off car je parle pendant que je peins) disponibles sur abonnement. Un étudiant peut également acheter chaque cours individuellement.
La pandémie a-t-elle affectée votre activité ?
Oui, au départ, la pandémie a amené beaucoup de nouveaux étudiants sur mes écoles en ligne, mais aussi à cause de la pandémie, beaucoup sont devenus des professeurs d’aquarelle en ligne. Plus d’enseignants ont créé leur compte Patreon. Plus de personnes ont débuté une chaîne YouTube. Donc, avec l’épidémie, je fais face à beaucoup de concurrence aujourd’hui, et c’est plus dur pour mes abonnés de me trouver.
Vous recommandez Hahnemühle The Collection Watercolour, étant votre papier favori. Qu’est-ce qu’il a de spécial pour vous ?
Hahnemühle “The Collection” est mon papier aquarelle préféré. J’ai toujours su que les fournitures artistiques bon marché de niveau étudiant ne font que vous freiner.
Mon premier papier aquarelle (2011) était un bloc grain satiné d’une autre marque de papier. J’ai commencé avec un très bon papier aquarelle. Après, j’ai voulu économiser et essayer les marques bon marché. J’ai vite compris que le papier est LA base de votre peinture aquarelle.
Je peignais essentiellement sur un papier de qualité et pensais qu’il était le meilleur du marché. Mais après peint dessus pendant quelques années, j’ai réalisé qu’il y avait de nombreux problèmes. Incohérence – la qualité n’était plus là. J’ai fini par mieux comprendre comment les papiers étaient fabriqués et j’ai appris qu’ils utilisaient de la gélatine – des produits d’origine animale.
C’est alors que beaucoup de choses ont fait sens. Des feuilles gâchées, l’étrange odeur du papier. Au fil des années, je me suis mise à chercher un papier alternatif.
Un jour, j’ai commencé à rechercher les produits Hahnemühle. Je n’en revenais pas de la quantité de papiers que Hahnemühle proposait.
J’ai envoyé un mail à Hahnemühle et j’ai reçu mes premiers échantillons.
Le timing était parfait pour découvrir « The Collection » qui était tout nouveau à l’époque.
Je n’ai pas uniquement trouvé un papier similaire aux autres papiers aquarelle, mais meilleur ! Tout était une question de qualité, la capacité de faire des choses que je ne savais pas que je pouvais faire auparavant.
Ce qui est important pour moi, c’est que la papier permette l’application de plusieurs couches. Un papier qui se comporte toujours de la même manière. J’ai rapidement compris que Hahnemühle utilisait de la matière végétale pour les couchages et collages, donc « The Collection » n’avait aucune odeur désagréable.
Je l’ai aimé tout de suite : « The Collection » n’est pas seulement bon pour superposer les couches mais également pour relever la couleur, ce qui n’est pas forcément évident sur un papier qui peut subir plusieurs applications de couleur et d’eau.
Mes peintures sont vivantes et montrent les réels pigments de couleur utilisés.
Avez-vous un rêve que vous voulez réalisé un jour ?
Mon rêve… j’ai une fois rêvé d’avoir un grand atelier… cela m’est arrivé récemment quand nous avons emménagé au sud du comté d’Orange.
Mais j’ai davantage de rêves… j’aimerais publier un livre sur les peintures d’animaux en aquarelle. Cela a pris des années pour le mettre en place mais je n’ai toujours pas le temps avec mon emploi du temps. J’aimerais également avoir plus de temps pour faire des ateliers en personne. Mon plus grand rêve est de construire une école d’art (médiums différents, pas juste de l’aquarelle) et d’accueillir des professeurs d’art internationaux.
A part tout cela, j’aimerais recommencer à voyager. Passer 6 mois dans un pays différent où je peux être inspirée quotidiennement, juste en regardant par la fenêtre…
Si vous étiez au début de votre carrière, voudriez-vous changer quelque chose avec du recul ?
Probablement de moins stresser. Quand j’ai débuté, je prenais les choses trop à cœur mais j’ai aussi eu un job régulier : donc je travaillais 15-16 heures par jour. J’aurais aimé prendre des cours de base d’aquarelle pour savoir dès le départ que le « mouillé sur mouillé » est une meilleure façon de faire… haha !
Nous sommes curieux. Qu’envisagez-vous pour la suite ?
J’espère finir mon travail sur mon premier livre de peintures animales. Je travaille également sur ma ligne de pinceaux aquarelle !
Merci pour votre temps et cet interview, Maria !