A l’occasion des 14ans de l’attaque terroriste sur le World Trade Center à New York nous sommes honorés de publier un article invité sur une image chargée d’histoire (s) autant mondiales que personnelles écrit par Robert Dutruch, photographe et tireur au Lost Hills Studio de la Nouvelle Orleans, Etats-Unis.
En 1987, j’étais un jeune photographe combatif à New York. Je travaillais dans un studio de Lower Boadway, en bas de SoHo. Je venais d’acheter une nouvelle lentille pour mon appareil 4×5 pouces et je voulais faire un rapide test de netteté avec une pellicule de Polaroid Type 55. J’ai jeté un coup d’oeil par la fenêtre du studio, et j’ai vu cette magnifique vue sur les toits du bas Manhattan, avec le soleil disparaissant à l’horizon. J’ai dévissé l’appareil du tripode, l’ai braqué par la fenêtre et j’ai pris un cliché rapide, en me guidant a l’intuition pour le f-stop et la vitesse d’obturation. Le négatif était d’une netteté impressionnante, et comme on le faisait d’habitude, j’ai jeté le negatif à la poubelle, enduit le positif et quand il a été sec, je l’ai mis dans mon dossier et suis rentré à la maison.
28 ans plus tard, je fais le ménage dans de vieilles boîtes d’archives et tombe dans mon dossier du studio de 1987. Comme je le feuillette, je tombe sur sur ce Polaroïd créé en ce début de soirée de Mars, avec les toits du bas Manhattan. Et là, je suis ébloui de voir les Twin Towers dans toute leur gloire. C’était un de ces moments dans la vie qui vous coupe le souffle et fait que votre coeur zappe un battement. Je n’aurai jamais pu imaginer, à l’époque, qu’un simple test de lentille produirait une image aussi importante, et émouvante pour moi, 28 ans plus tard.
Je décidais que cette image devait être une héliogravure, pas seulement pour sa conservation, mais aussi pour me permettre de retravailler dessus après toutes ces années.
Ici, au Lost Hills Studio de La Nouvelle Orléans, nous utilisons une machine à graver de 1974, une « Charles Brand Etching Press » de 30×50 pouces produite à Brooklyn, New York. Nous avons sauvé cette machine de sous 10 pieds d’eau salée pendant l’ouragan Katrina ici à la Nouvelle Orléans. Elle était dans un état pas possible, et tous les magasins spécialisés que nous avons contactés pour la remettre en état nous on dit que nous étions fous d’essayer. J’ai finalement trouvé un vieux soudeur et mécanicien qui a regardé longuement les images et a dit : “Si vous n’êtes pas pressés… Je vais essayer, mais je ne promets rien…” Et c’était bien, qu’on ne soit pas pressés, car la restauration a pris 13 mois. Mais ça valait le coup d’attendre, car cette magnifique machine à graver était magnifique, impeccablement ramenée à la vie et prête à reprendre du service pour créer de l’art à nouveau.
Ici, au Lost Hills Studio nous utilisons le photopolymère ImagOn pour réaliser nos plaques à graver, ainsi qu’un procédé déposé de création des interpositifs développé par le maître imprimeur Don Messec au Boyfish Press de Santa Fe. Nous utilisons exclusivement le papier Hahnemühle Copperplate etching pour toutes nos heliogravures. Il a ce merveilleux ton chaud cette luxuriante douceur qui nous permet de rendre parfaitement la sensualité des Pictorialistes, un style internationale et une mouvement esthétique qui a dominé la photographie à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Le papier Hahnemühle Copperplate, associé à notre mélange maison d’encres Akua nous permet de créer des images qui nous font revivre l’âge merveilleux du Pictorialisme et la nostalgie et l’émotion du du tout début du 20e siècle.
Robert David Dutruch, gagnant du Artistic Merit Award
Lost Hills Studios